La Grande-Canarie à vélo

A seulement 5 heures de vol de la France, nous allons vivre une expérience séduisante en découvrant l’île de Grande-Canarie où peu d’endroits offrent autant de possibilités pour l’aventure, la passion et le contact avec la nature. Située à 96 km de la côte africaine face au Maroc, l’île est un miracle climatique, dû en partie aux vents alizés humides et aux courants marins. Ces deux facteurs par leur combinaison avec le relief qui délimite et définit des zones bien différenciées, produisent les contrastes paysagistiques qui ont donné à l’île le surnom de “continent miniature”. Depuis l’environnement chaud de la côte où sont confinés la plupart des touristes, jusqu’à la haute montagne de ses sommets, en passant par les vallées et bois subtropicaux, visiter Grande-Canarie c’est traverser plusieurs pays en quelques kilomètres et toujours sous des températures douces et printanières qui ont lieu durant toute l’année, ce qui change du printemps exécrable de notre hexagone. L’île est une énorme montagne en forme de pyramide conique que les volcans ont soulevée depuis les mers il y a des millions d’années. Sa hauteur maximum est atteinte au Pico de las Nieves (le pic des neiges, alt. 1949 m) situé au centre géographique. Quant à notre itinéraire, il comportera 10 étapes d'une moyenne journalière de 50 km, pas de quoi fouetter un chat (mais le dénivelé est important), entrecoupées de trois journées de repos pour miss Barbara, et agrémentées au passage de quelques cols, 40 en tout et pour tout.

Samedi 28 avril : Le voyage : Paris – Las Palmas
Ce ne sont pas de grandes manœuvres, mais c’est tout comme, car je fixe à Barbara le rendez-vous de départ dès 5h10 du matin ! et à vélo. Pratique et économique à la fois, nous rejoignons les Invalides pour embarquer à bord du car d'Air France direction l'aéroport d'Orly. Le vol Ibéria prendra la matinée avec une courte escale à Barcelone, et c’est sous un soleil radieux et une température estivale que nous touchons le sol. Sans plus attendre, nous nous équipons de nos tenues… cyclistes, car l’aéroport est situé à 16 km de notre villégiature à la Playa de Mélénara, avec à la clé l’ascension du Cuatro Puertas (alt: 250 m), de quoi être dans le vif du sujet. Assez court, 4 km certes, mais les rafales de vent obligent Barbara à bien tenir en respect son guidon. La Pension Oliva nous accueille chaleureusement, jouxtant la petite plage au sable gris où la saison touristique n’est pas encore commencée. L’hôtel est idéalement situé. Il a les pieds dans l’eau et sur le balcon, nous avons l’impression d’être sur le pont d’un navire. Seul inconvénient, la nuit, le bruit des vagues.

Dimanche 29 avril : 1ère étape : Playa de Mélénara - Playa de Mélénara : 49 km
L’air est déjà doux et le ciel est quelque peu dégagé avec quelques timides rayons de soleil. Le programme consiste en une petite excursion au Pico de Bandama (alt. 574 m)... à vélo. Nous démarrons après 10h00 car nous ne sommes pas pressés. La distance de l’ascension se déroule sur 20 km. Charmante, cette petite route étroite et sinueuse aux pourcentages irréguliers mais pas effrayants du tout. Orangeraies et bananeraies nous entourent ainsi que de nombreux palmiers qui égayent un peu ce paysage assez volcanique aux teintes marron. Le ciel est assez couvert en altitude et quelques gouttelettes font leur apparition ça et là, mais rien de bien méchant, peut-être juste de quoi faire peur à Barbara qui n’apprécie pas la pluie, mais elle n’est pas la seule dans ce cas. Aux détours des nombreux virages qui jalonnent la montée, le vent est parfois présent et il souffle souvent avec furie -- pourquoi nous en veut-il comme ça ! La fin de l’ascension est proche. Au sommet en cul de sac, quelques touristes pour perturber le silence du site, mais il en faut bien. En contrepartie la vue est immense sur les vallées et sur les sommets de l’île complètement englués dans les nuages. Ne traînons pas trop ici car le vent a vite fait de nous refroidir. Le retour dans notre havre de paix est quelque peu perturbé par la circulation automobile. C’est dimanche et après une semaine de dur labeur, ils doivent essayer leurs véhicules pour s’oxygéner !

Lundi 30 avril : 2ème étape : Playa de Mélénara - Cruz de Téjéda : 43 kms : 5 cols
Le ciel gris est au rendez-vous ce matin, avec un léger crachin, surprenant aux Canaries. Mais d’abord, un bon petit déjeuner nous attend à la terrasse du café au bord de la plage, et Barbara commence à avoir un sacré appétit, peut-être l’a t’elle quand charmante compagnie ! Après la pluie, le beau temps semble être revenu, alors nous démarrons à 11h00 pour le sommet de l’île dans la brouillasse, vu d’ici. La chaussée s’élève avec des variations de dénivelé parmi le flux automobile important, ce qui surprend vu l’heure. La cause en est les nombreux villages jalonnant cette petite route. Mais cela s’atténuera par la suite, et comble de malheur, après les gaz, les gouttelettes tombent quand elles le désirent. Après avoir franchi le Dégollada de Pilétas (alt. 430 m) et l’Alto de Las Arénas (alt. 1000 m), je plonge sans Barbara, qui est un peu en retrait, sur San Matéo (alt. 836 m) -- 3 km d’une descente humide et fraîche. Ici, très peu de plat, mais nous l’apprécions car la route s’élève de nouveau, cela va nous réchauffer. La pente est rude, la chaussée bien revêtue et très sinueuse. Le paysage change et offre les différences de la flore des trois strates principales de l’île, déterminées par la hauteur et l’orientation, c’est à dire un paysage exotique enchanteur. Parmi ce tableau rayonnant, deux cols sont franchis allègrement, façon de parler, car nous ne sommes plus très frais -- l’Alto Cabrera (alt. 933 m) et le Las Lagunetas (alt. 1200 m). Au pied de la dernière ascension du jour il nous suffit de lever haut la tête pour comprendre que ce ne sera pas une partie de plaisir. Ici la montagne devient plus abrupte, les bois des zones moyennes s'étendent jusqu’au terme de notre étape à travers un brouillard épais au Cruz de Téjéda (alt. 1500 m). Alors nos yeux s’écarquillent en apercevant au détour du virage l’enseigne de notre gîte (l’hôtel El Refugio) qui porte bien son nom dans l’état actuel des choses. Quant au thermomètre extérieur, il affiche un bon 9° ! Le vent et la pluie accompagnent notre soirée nous obligeant à nous barricader dans l’hôtel.

Mardi 1 mai : 3ème étape : Cruz de Téjéda -- Cruz : 11 kms : 2 cols
Point de muguet ici, mais un brouillard dense au lever du jour et une température fraîche : 5° ! La chaussée étant mouillée nous attendons que ce mauvais temps passe. L’étape est courte et pas trop difficile -- nous pourrons peut-être partir dans l’après-midi ? Nous dévisageons les alentours du col où la vue est étendue sur les "roques" où le soleil est présent ; ici nous sommes emprisonnés par la brume et le vent glacial, ce qui oblige Barbara à acheter un passe-montagne ! dans une des échoppes du col très bien fournies en tenues hivernales. La température est déjà montée de 5° à 8°, encore un petit effort et l’on pourra faire quelques brasses dans la piscine en plein air de l’hôtel ! Le temps n’évoluant que très peu, nous décidons de raccourcir notre boucle de 41 km à 11 km avec 2 cols (1580 m et 1720 m -- le plus haut de l’île), un aller retour vite fait bien fait dans la brume et le vent en compagnie de la circulation automobile, des touristes en bikini qui cette fois, curieusement, ont préféré délaisser la plage et le soleil pour les intempéries de la montagne (température maximum du jour 9°).

Mercredi 2 mai : Journée de repos
Bis repetita …, on prend le même temps et on recommence. Brouillard épais et froid, 6°, routes trempées, de quoi se poser des questions, malgré des prévisions météorologiques encourageantes. Le buffet du petit déjeuner est très tentant, l’air pur donne de l’appétit à Barbara et à moi à un degré moindre. Nous allons passer la matinée à l’hôtel et l’après-midi nous effectuerons une excursion en contrebas du col (1500 m) par autocar à Téjéda (alt. 1049 m) au fond d’une cuvette dans un site grandiose. La descente sinueuse du col aux multiples lacets ainsi que sa remontée restera un moment mémorable. A l’altitude de 1000 mètres, le ciel est dégagé et la vue sur les massifs imposants aux formes particulières est saisissante, et le peu de soleil réchauffe l’atmosphère. De retour à l’hôtel en soirée, le froid est toujours présent et le thermomètre indique 8° !

Jeudi 3 mai : 4ème étape : Cruz de Téjéda -- Cruz : 36 kms : 4 cols
Nous sommes toujours dans la brume, la chaussée est encore mouillée et il fait 6°. Nous prenons notre mal en patience. L’éclaircie est présente en début d’après-midi et la route est quasiment sèche. Nous nous élançons en montée pour avaler 2 cols (1623 m et 1605 m) à travers un brouillard épais et un vent frais. Nous sommes pourtant aux Canaries et l’on se croirait chez nous au mois de janvier. Une descente fraîche nous mène à Artenera (alt. 1270 m) municipalité la plus haute de l’île et où la pinède est omniprésente. Juste en contrebas, l’Alto de Los Cuernos (alt. 1197 m) puis le Dégollada de Tamadaba (alt. 1097 m) se franchissent en descente à l’entrée d’un parc naturel complètement forestier. Avec le retour du soleil, le paysage montagneux aux formes rocheuses si particulières apparaît à sa juste valeur. Un dernier effort pour terminer l’étape au Cruz de Téjéda (alt. 1500 m), deux choix sont possibles, l’un plus raide et plus court (10 à 15 % d’élévation), l’autre plus long et plus facile (7 %). Je convaincs Barbara d'opter pour le plus difficile, et de plus la route est fermée à la circulation. Quelques gouttes de sueur, un paysage fantasmagorique, et un sprint de Barbara avant le sommet et la boucle est bouclée.

Vendredi 4 mai : 5ème étape : Cruz de Téjéda -- Cruz : 66 kms : 2 cols
Le sommet du col est toujours dans le brouillard, et le vent tout aussi violent (6°), mais après analyse, le brouillard n’envahit que les sommets. Nous décollons après l’appétissant petit-déjeuner dès 10 heures pour le nord de l’île, 30 km de descente et 36 km de montée pour le retour au bercail. Le froid nous pénètre peu à peu car le soleil joue à cache-cache. Nous dévalons sur Teror où se trouve le sanctuaire de la Vierge del Pino, patronne de l’île. La ville, enclavée de manière stratégique dans une vallée bien verte entre les montagnes, relie le nord et le centre de l’île. Il faut aussi souligner la belle architecture canarienne de ses rues qui évoque certains coins de villes et villages américains. Une courte montée au Alto Cuevas de Gabelas (alt. 524 m) et plongée assez sérieuse au pied de la cathédrale d’Arucas, situé sur un col à 253 m -- une belle ville avec une saveur de XVIIIe siècle dans ses quartiers traditionnels. Nous sommes au point le plus bas. Il nous faut remonter à 1500 m, un sacré dénivelé sur une trentaine de kilomètres, mais la route serpente à travers les différentes espèces boisées de l’île -- un bon bol d’oxygène. L’arrivée est proche dans l’immense massif forestier, brumeux par endroit, mais au sommet un soleil radieux comme récompense de nos efforts. Malgré le soleil, la température au col stagne à 10°, et la soirée fraîche se passera autour du feu de la cheminée. C’est un peu cela, les Canaries que nous découvrons avec étonnement -- les agences de voyages cachent bien leur jeu.

Samedi 5 mai : 6ème étape : Cruz de Téjéda -- Los Berrazales : 120 kms : 12 cols
Longue étape au programme pour rejoindre la vallée d’Agaete. A 8 heures nous levons l’ancre et toujours à travers la brume qui couvre systématiquement les sommets autour du Cruz de Téjéda (alt. 1500 m), nous descendons frigorifiés sur Téjéda (alt. 1049 m) -- les descentes ne s’apprécient que dans certaines conditions. 10 km d’ascension pour éventuellement se réchauffer, car le soleil commence à percer, un paysage dantesque de formations rocheuses particulières -- la lune où mars ? Nous avons franchi 4 cols successivement dans la foulée (1197 m, 1276 m, 1325 m, 1410 m) rien de cocasse sauf peut-être pour Barbara qui a toujours des problèmes de... ! Puis la longue descente sur la fertile vallée subtropicale de Mogan (alt. 350 m) intervient. Au passage encore et toujours 2 cols (950 m et 970 m) on ne peut s’en passer, mais on se serait bien passé de la chaussée non revêtue sur 5 km, de quoi poser des soucis à Barbara. En bas, on commence à sentir l’odeur des pins. L’UNESCO considère le micro-climat de Mogan comme le meilleur au monde (quel chauvinisme) ! La chaleur est bel et bien présente, cap à l’est pour une grimpette. Ce n’est pas les Landes malgré qu’on y déniche des cols. La Cuesta (420 m) n’est qu’une bouchée de pain, suivie du Vénéguéra (655 m) et du Aldé (670 m), de sacrés clients ceux-là, dans un décor dépourvu de végétation et très sec. Un court crochet au Tarsatico (579 m) dans un site grandiose d’une étrange beauté, et nous plongeons, trop bas à mon goût, à l'Aldéa (64 m) -- chaud, sec et venteux. Bien vu Charly, car il faut remonter à l’Alto Carrizo (alt. 407 m) et au Las Cuevachones (alt. 500 m) où la fatigue se fait sentir. Nous surplombons la mer sur de hautes falaises déchiquetées. Cela monte et descend incessamment, et les rafales de vent obligent Barbara à marcher, ce qui nous retarde beaucoup. Je prends donc les devants pour que l’heure de réservation (20 h) soit respectée, mais que c’est dur parmi ces majestueux rochers escarpés et ces falaises vertigineuses. A Agaete (41 m), il est déjà 20 heures et pour rejoindre l’hôtel, je dois suivre la vallée d’Agaete sous les immenses rochers taillés à pic et couronnés par les pinèdes. La vallée est subtropicale, propice à des cultures comme le café ou la goyave. A 20h45 je touche au but, épuisé, et m’empresse de faire appeler un taxi pour récupérer Barbara derrière moi, qui se demandait si je n’allais pas la laisser, abandonnée à son triste sort et se préparait à passer la nuit dehors, quelle curieuse idée. Bonne nouvelle -- le taxi l’a récupérée proche du but, et il est près de 22 heures. Quelle journée difficile, mais il en faut bien pour les souvenirs, et sans plus attendre nous dînons comme des ogres. Demain, une journée de repos pour recharger les batteries, et dans notre établissement thermal avec tous les services proposés, massages, bains turcs, etc...

Dimanche 6 mai : Journée de repos
Une journée de sport avec le matin, une séance d’une heure de massage complet, et l’après-midi, une marche au fond de la vallée dans un cirque grandiose.

Lundi 7 mai : 7ème étape : Los Berrazales -- Los Berrazales : 32 km : 2 cols
Ciel nuageux, avec un léger crachin pour ce matin, mais en début d’après-midi les éclaircies apparaissent furtivement. Barbara préférant se reposer, je me laisse glisser le long de la vallée d’Agaete parmi palmiers et cactus jusqu’à Agaete (alt. 41 m). La mer étant proche quoi de plus normal que de s’exposer au vent dans l’ascension sur le Las Cruces (alt. 200 m). Quelques kilomètres me séparent de Galdar (alt. 143 m), ancienne résidence des “guanartemes” ou rois de l’île. L’Alto Guia (alt. 186 m) est tout proche à côté de l’échangeur autoroutier, donc rien de bien sensationnel. Je retourne vite fait à Agaete pour éviter la circulation et entame la longue montée (7,5 km) à travers la vallée exotique jusqu’à son terme, où notre hôtel se dresse comme une puissante forteresse imprenable.

Mardi 8 mai : 8ème étape : Los Berrazales – Téjéda : 65 km : 4 cols
Il a encore plu cette nuit, et ce matin le ciel est encore nuageux avec un petit crachin ça et là, et on se demande : " quand aura-t-on une vraie journée ensoleillée ? ". Départ en descente à travers la vallée endormie sur Agaete (41 m). On n'aura guère le temps de se refroidir car nous entamons les premiers dénivelés au Las Cruces (alt. 200 m) dans le vent. Le cap au cœur de l’île nous sera profitable car le vent nous pousse. L’air devient de plus en plus frais, l’humidité nous oblige à garder plusieurs couches de vêtement. L’ascension s’effectue piano, piano parmi une végétation luxuriante. On ne s’ennuie guère et le cadre montagneux est intéressant à observer. Quelques cols au passage pour agrémenter le menu, tout va donc bien pour le moment, mais la montagne Canarienne réserve toujours son lot de surprises, mais pour nous ce n'en est plus, jugez plutôt. Passé la cote 1400 m, le relief est constamment noyé dans un brouillard épais et la fin de l’escalade du Montana del Capitan (alt. 1594 m) est pénible. Mais le pire reste à faire. La descente de 7 km sur Artenera (alt. 1270 m) va un peu plus achever Barbara, qui en bas est dans un état second -- comment faire pour la réchauffer ! Encore 8 km pour en finir, mais le vent froid est de la partie. Son moral est bas -- elle espérait du soleil aux Canaries. Allez bon, un peu de courage et nous arrivons à Téjéda (alt. 1049 m) surnommé la chaudière en été.

Mercredi 9 mai : 9ème étape : Téjéda - Agüimes : 59 km : 5 cols
Je rêve, il faut le voir pour le croire – un ciel bleu pour notre retour au sud de l’île, et l’on est à se demander s’il n’existe pas une barrière météorologique. De notre hôtel à Téjéda nous embrassons une vue panoramique grandiose sur les Roques et sur le village aux maisons blanches étagées sur la montagne. Le soleil est bien présent mais le fond de l’air reste frais. Le départ est en pente sur 10 km avec quelques cols (4) que nous avons déjà franchis auparavant. Le tableau n’a donc pas changé mais la luminosité oui, car il est près de 11 heures. Pas de circulation sauf à contresens car les touristes remontent de la côte. Deux autres cols à 1200 mètres sont passés sans effort apparent et c’est la grande plongée sur San Bartolomé et Santa Lucia (701 m). Là, nous quittons la végétation forestière pour un autre monde ou plutôt une autre planète, sur une route surplombant d’immenses canyons aux reliefs étranges, où rien ne pousse sauf quelques palmiers. On ne peut vraiment pas dire qu’il fait chaud car le vent presque frais souffle en permanence. La chaussée monte et descend, souvent en lacets, et quelques cols supplémentaires sont ainsi franchis. La mer n’est pas très loin, mais nous avons choisi comme gîte la petite ville d’Agüimes (alt. 286 m) avec comme seul intérêt son quartier historique.

Jeudi 10 mai : 10ème étape : Agüimes -Agüimes : 38 km : 1 col
Après le copieux petit déjeuner servi sous forme de buffet, nous quittons le quartier historique de Agüimes (alt. 286 m) sous un ciel bleu et un soleil rayonnant de toute sa splendeur -- tellement rare depuis 10 jours ! Température douce, mais le vent est frisquet. La chaussée suit le fond du ravin de Guayadèque en montant assez sèchement. Le site est sublime, beaucoup de végétation sur les pentes rocheuses du ravin. A Guayadèque on peut observer une église et des bars restaurants creusés dans la roche, de quoi faire stopper les touristes, en petits comités, ici. Nous reprenons l’ascension qui devient de plus en plus pénible pour Barbara. La route bitumée prend fin au sommet d’une falaise où est installé un restaurant. La vue est vertigineuse.

Maintenant une piste, défoncée par endroits aux pourcentages élevés, nous fait face. Nous n’avons pas le choix -- il faut l’emprunter pour rejoindre à son sommet la chaussée goudronnée. Pour Barbara l’apprentissage du cyclo-muletier débute, mais à pied tout le long, du poussage difficile à une vitesse d’escargot, et encore ! Le site est pittoresque mais elle n’en à que faire, terminer au plus vite cette galère. Au sommet, encore un ultime effort pour accéder à l’Alto de Los Marteles (alt. 1500 m). Cet effort ne sera pas le dernier pour Barbara car il faut redescendre 1200 mètres plus bas sur 13 km seulement et cette nouvelle épreuve est terrible pour une personne ayant le vertige. Son moral se rehaussera à la vue lointaine des coupoles de l’église d’Agüimes qui domine la vieille ville. Il était temps d’arriver car je m’inquiétais d’arriver à la nuit tombante !

Vendredi 11 mai : Journée de repos
Je crois que maintenant, le vrai temps Canarien est installé -- soleil, ciel bleu, température 24°. Nous rejoignons donc notre point de départ du circuit à la Playa de Mélénara (eh oui , la roue tourne), 18 km et un col à 104 mètres, et en descente. L’après-midi, en touriste, nous effectuons la visite de Telde à proximité et tout particulièrement, la ville historique et son labyrinthe de ruelles qui possède un quartier typique appelé San Francisco “de quoi donner une certaine nostalgie à Barbara”.

Samedi 12 mai : Le voyage : Las Palmas - Paris
L’appareil d’Ibéria décolle au-dessus des flots à 11h10 pour une première étape à Barcelone, 3 heures après. Puis pour Paris avec arrivée à Roissy, ce qui nous arrange, car le car d'Air France nous dépose à la Porte Maillot, juste une petite balade pour rejoindre nos foyers respectifs.

Conclusion
Ce voyage itinérant à Grande-Canarie a été mi-figue, mi-raisin uniquement concernant l’aspect météorologique. La première semaine a été venteuse, fraîche, brumeuse, peu ensoleillée donc pas en rapport de ce que l’on pouvait attendre de ce petit paradis. Mais la seconde semaine par son ciel ensoleillé et sa petite chaleur a démontré le vrai aspect de l’île. Quant au paysage, nous n’avons pas été déçus -- des contrastes saisissants, des vallées exotiques et subtropicales aux massifs forestiers couverts de végétation luxuriante, des reliefs volcaniques dantesques. Routes de montagne bien dessinées, donc l’île de Grande-Canarie est une petite merveille de la nature.

Charles Winter

Retour à Bicycling à la Française


Barbara Leonard